Les lectures de l’académie – 2021
1. Misère de l’espace moderne : la production de Le Corbusier et ses conséquences
par Olivier Barancy
Thème : architecture
Court essai (135 pages) très complet, démontrant de manière succincte l’imposture de Le Corbusier, les répercussions néfastes de son architecture sur la société, le culte que lui voue la communauté architecturale, son idéologie fasciste qu’il a retranscrite en architecture… Un cahier photo à la fin vient illustrer les propos de l’auteur. Et la « bibliographie critique » de la fin est assez drôle. Très bon livre.
Note : ★★★★★
Lu en Janvier 2021.
2. Pour en finir avec les grandes villes : manifeste pour une société écologique post-urbaine
par Guillaume Faburel
Thème : architecture
Un livre intéressant sur l’écologie et les conséquences désastreuses de l’urbanisation de masse et la métropolisation sur l’environnement. Un manifeste appelant à changer nos modes de vie, et nos manières de faire ville. Beaucoup de ressources sympathiques (j’ai ainsi découvert La carte de lutte contre les grands projets inutiles : https://urlz.fr/do7Q ). La lecture est fluide et claire, j’ai fini le livre en une journée. Il y a une critique du greenwashing, du capitalisme vert et de la gentrification, etc ela fait grand plaisir à lire.
Cependant l’ouvrage reproche peut-être trop les comportements individuels, et pas assez les les responsabilités au niveau de l’état… Alors certes, c’est important de commencer à changer à son échelle sa manière de faire, mais avons-nous tous la possibilité de tout quitter pour partir dans un squat, ou de quitter la ville pour aller à la campagne ? Les luttes urbaines sont présentées comme presqu’inutiles car superficielles, vu que la solution serait de refuser la grande ville dans sa totalité. Mais tant que les grandes villes seront là, il faut continuer à lutter, sinon la situation deviendra encore plus catastrophique…
Note : ★★★☆☆
Lu en Janvier 2021.
3. La puissance des mères
par Fatima Ouassak
Thème : politique
Dévoré en une journée ! Un très beau livre qui traite d’énormément de sujet, avec comme point de ralliement la question de la maternité. Mais nul besoin d’être mère pour se reconnaitre dans ce texte. Comme l’autrice le dit si joliment en début d’ouvrage, elle part du point de vue situé des mères racisées des quartiers populaires, pour toucher une audience universelle. Ce livre parle d’antiracisme, de féminisme d’écologie, de luttes et collectifs des parents d’élèves, et de tout un tas de sujets qui, pour certains, m’ont particulièrement touchée, en ce que je m’y suis reconnue. Merci, vraiment.
Note : ★★★★★
Lu en Février 2021.
4. Aria
par Nazanine Hozar
Thème : Iran
Un roman passionnant avec des personnages très attachants, profonds, et très nuancés. On traverse l’histoire de l’Iran en même temps que l’histoire des personnages. Cela parle de politique sans parler de politique, dans le sens où il n’y a pas de camp des « bons » ni de camp de « mauvais » (à l’exception de la royauté qui est, à juste titre, présentée comme néfaste); c’est-à-dire que le récit ne prend pas parti pour un camp ou un autre. Les tortures de la Savak sont abordées dans le récit, et il y a des passages très violents, ce qui fait de justes rappels historiques pour ceux qui essayeraient de le nier. Hormis la fin qui m’a vraiment traumatisée (avant-dernier chapitre : description très graphique d’une pendaison), la lecture était très agréable, fluide (dévoré en trois jours !), et on a sans cesse envie de savoir ce qu’il va se passer ensuite. A noter qu’il y a en outre un couple gay dans le récit et que c’est suffisamment rare en littérature pour le relever. Bref, un très beau roman.
Note : ★★★★★
Lu en Février 2021.
5. Le Monde selon Amazon
par Benoît Berthelot
Thème : politique
Un livre très intéressant et important que le plus grand nombre devrait lire ! Il se lit très vite, c’est très bien écrit et c’est très fluide, et surtout, il lance l’alerte sur cette entreprise qui utilise les pires méthodes pour faire du profit : conditions de travail terribles des ouvriers, méthodes de management impitoyables, harcèlement moral au travail, burnout, évasion fiscale massive, destruction de notre planète et des emplois, explosion du nombre de SDF, contrôle et surveillance de la population, mégalomanie… Si vous avez la flemme de lire le livre, retenez au moins une chose : n’achetez plus rien chez Amazon. Vous avez très bien vécu sans pendant des années, ça peut continuer. Si vous n’êtes pas convaincus par ce résumé : eh bien, lisez le livre, je vous en prie.
Note : ★★★★★
Lu en Mars 2021.
6. La ville néo-libérale
par Gilles Pinson
Thème : architecture
Il y a des réflexions très intéressantes dans cet ouvrage, à commencer par une explication en introduction de la différence entre « libéralisme » et « néolibéralisme ». On y traite du greenwashing, de la gentrification, de la course à l’attractivité et à la compétitivité, de la privatisation de l’espace public… Petit bémol : parfois un peu trop jargonneux et difficile à suivre. Le livre est très dans la nuance aussi, et cherche des excuses et des justifications au néolibéralisme par moments; cela relève de l’opinion personnelle de l’auteur et il y a tout a fait droit, mais je ne partage pas cet avis et vu le titre, m’attendait sans doute à quelque chose de plus engagé. Néanmoins, il y a des passages absolument brillants et super instructifs. Par exemple, sur la manière dont le néolibéralisme se prétend « apolitique » (le fameux « ni de droite ni de gauche » de Macron), alors qu’en réalité c’est de droite… Mais cela a pour but de briser toute opposition : « vous ne pouvez pas militer contre nous car nous ne faisons pas de politique ». Et ce passage magnifique sur comment le néolibéralisme transforme les citoyens en entrepreneurs, p. 122 et après…
En bref, un bon livre, mais auquel il faut s’accrocher.
Note : ★★★☆☆
Lu en Mars 2021.
7. Feminist City – Claiming Space in a Man-Made World
par Leslie Kern
Thème : architecture
La grosse ironie sur ce livre : je l’ai lu en anglais car il n’existait pas en français, pour qu’au final il soit traduit en français seulement quelques mois après que je l’ai lu. Bon, au moins, ça m’aura fait pratiquer mon anglais !
Un joli tour sur le sujet du Genre dans la ville. Le livre se décompose en cinq parties : la ville des mères, la ville des ami.e.s, la ville de la solitude, la ville des luttes, et enfin la ville de la peur. Ces différents sujets dressent le portrait de ce que c’est qu’être une femme dans l’espace public, et des besoins que nous avons, ou sommes susceptibles d’avoir. Comment rendre la ville accessible et agréable aux enfants et à leurs parents ? Comment permettre aux ami.e.s de se retrouver, aux adolescent.e.s d’utiliser la ville de manière safe pour sociabiliser avec leurs ami.e.s, sachant les restrictions spatiales et budgétaires qu’on a à cet âge ? Quelle expérience de la ville a-t-on en tant que femme seule ? Comment prendre place dans la ville dans un cadre militant ? Comment la violence sexiste façonne-t-elle notre rapport à l’urbain ? Cet ouvrage nous amène à nous questionner sur tout un tas de sujets, et apporte des pistes de réflexion ou parfois des solutions. L’autrice souligne bien l’importance d’avoir une approche intersectionnelle, et de penser le féminisme pour toutes les femmes -et hommes- : personnes handicapées, non-blanches, SDF, âgées, queers, etc…
L’autrice est géographe et féministe, et nous livre sa vision en tant que telle : en tant qu’architecte et urbanistes, ce livre est un outil précieux pour nous inciter à penser à des mesures concrètes d’amélioration des villes.
Au niveau de la lecture, étant francophone, et n’ayant pas pratiqué l’anglais depuis longtemps, j’ai trouvé que la lecture était très fluide et très claire et n’ait pas eu de problèmes de compréhension.
ENGLISH VERSION :
A great approach on the subject of gender and city. The book has five parts : city of moms, city of friends, city of one, city of protest, and city of fear. These different subjects make a portrait of what it feels like to be a woman in public space, and what needs do we (possibly) have. How could we make the city accessible and agradable for children and their parents ? How could we make it possible for friends to gather, and in peculiar for young people / teenagers, who may need to use the urban space as a safe place of sociabilisation (due to spatial and financial concerns) ? How are we experiencing the city when we are alone, as women ? How can we take place in the city in order to protest ? How the sexist violences are challenging our vision of the city ? This book makes us question a lot of subjects, and gives us some line of thought and solutions.
The author underlines the importance of having an intersectional approach, and also the imortance of thinking feminism for all women -and men- : disabled, BIPOC, homeless, elderly, queer, etc…
The author is a geographer and a feminist, and gives us her vision as such: for us architects and urban planners, this book is a precious tool in order to encourage us thinking about practical measures to improve cities.
As for the reading, being a French speaker, and not having practiced English for a long time, I found the reading very fluid and clear and had no problems of comprehension.
Note : ★★★★☆
Lu en Mars 2021.
8. Les impatientes
par Djaïli Amadou Amal
Thème : roman
Un livre très fort, lu en une traite… C’est écrit de manière simple et fluide, j’observe dans les autres critiques que certaines personnes le reprochent, mais je pense que pour un sujet aussi dur il n’y a pas besoin de se perdre en figures de style. Un peu comme « Le consentement » de Vanessa Springora, lu l’an dernier : quand on parle de l’horreur, et à fortiori quand on parle d’expérience personnelle, il serait malvenu de s’exprimer de manière romancée et esthétisée. Il n’y a rien donc à reprocher au style, et ce n’est pas le sujet ici.
C’est déchirant de lire la souffrance de ces femmes, et déchirant de voir la société les monter les unes contre les autres alors qu’elles auraient tout à gagner de s’allier. Et c’est justement sur ça, sur cette sororité, que s’ouvre la fin. C’était bouleversant, en espérant très fort que cela fera bouger les choses.
Note : ★★★★★
Lu en Mars 2021.
9. Peut-on dissocier l’oeuvre de l’auteur ?
par Gisèle Sapiro
Thème : politique
Ce livre était intéressant car – en plus de parler d’une problématique qui est totalement d’actualité – il retrace de nombreuses affaires (Céline, Heidegger, Maurras, Matzneff, Polanski, etc), apporte des éclaircissements sur les faits qui se sont produits, les propos qui ont été tenus, et ne manque pas les condamner. Cependant, sur la partie sur Handke, quelque chose m’a échappé. Je ne connaissais pas cet écrivain et n’ait lu aucun de ses écrits, mais l’autrice le défend très fermement, en déclarant comme une vérité la pureté de ses intentions, mais sans apporter aucune preuve de sa bonne foi et aucun argument. En plus, ce chapitre arrive en fin de livre, et cela donne l’impression que tout le livre devait mener à cette prise de position défensive. Comme si on avait abordé en premier les vrais méchants (les Matzneff, Polanski, Heidegger etc), et tout cela pour nous mener progressivement vers la réhabilitation d’un écrivain que l’autrice semble apprécier. C’est dommage, car le reste du livre est très intéressant, très clair (alors certes il y a un certain nombre de mots de jargon universitaire sociologique, mais ça ne nuit pas trop à la lecture), et très engagé en faveur des minorités, ce qui fait plaisir à lire. Bref, de mon côté il y a des incompréhensions concernant le dernier chapitre de ce livre, si d’aucun souhaiteraient m’éclairer, n’hésitez pas. Sinon, c’était une lecture plaisante.
Note : ★★★★☆
Lu en Mars 2021.
10. Change ton monde
par Cédric Herrou
Thème : politique
Dans cet ouvrage, Cédric Herrou nous raconte un peu tout ce qu’il lui est arrivé depuis 2016, quand il a décidé pour la première fois de venir en aide à une famille de migrants. Très instructif au niveau de plein de sujets (le droit en France, les injustices de l’Etat, l’organisation de l’aide aux migrants de la part des bénévoles, la construction d’une vie en communauté, etc). Très bien écrit, la lecture est fluide et en témoigne le fait que je l’ai dévoré en une journée. Merci à M. Herrou pour son travail humaniste, merci à lui et à tant d’autres de parer aux manquements de l’Etat.
Note : ★★★★★
Lu en Avril 2021.
11. Le scandale écolo des cités – Voilà les brigades vertes
par Fareth Saïfi
Thème : politique
M. Saïfi nous raconte l’histoire de la cité du Bois-du-Quesnoy, et les actions associatives qu’il y a menées avec sa famille et bien d’autres personnes pour améliorer les conditions de vie des habitants du quartier. Les Brigades Vertes sont un collectif d’habitants qui font des travaux de défrichement et d’entretien des espaces verts et potagers dan la cité-jardin de Hautmont. Elles aident non seulement des personnes sans emploi à se réinsérer professionnellement et socialement, à développer de nouvelles compétences et à reprendre confiance en elles, mais aussi à tisser des liens sociaux entre tous les habitants du quartier, et à réhabiliter le quartier d’un point de vue architectural (ils retapent également l’intérieur des logements à moindre coûts) et paysager. Un livre plein d’espoir, d’engagement militant et de belles inspirations. Il souligne la nécessité de permettre aux habitants des quartiers populaires de se réapproprier leurs espaces de vie plutôt que d’opérer à de grandes destruction et remplacements de population par la gentrification (comme cela se fait malheureusement beaucoup actuellement dans le cadre du Grand Paris…).
Note : ★★★★☆
Lu en Mai 2021.
12. La comédie (in)humaine : Pourquoi les entreprises font fuir les meilleurs
par Julia de Funès (oui ça a un rapport avec Louis) et Nicolas Bouzou
Thème : politique
Il faut avouer que c’était une erreur d’achat : vu le titre et le résumé, j’ai cru que c’était dans le même style que Bullshit Jobs de Graeber. Qu’on se détrompe : si Bullshit Jobs a été écrit par un anarchiste, La comédie (in)humaine a été écrite par des auteurs qui annoncent dès l’introduction qu’ils sont (très) favorables au capitalisme. Par conséquent, j’ai lâché la lecture, puis finalement je me suis ravisée et me suis dit que ça pourrait toujours être intéressant de voir un point de vue différent (quitte à avoir le bouquin autant le lire quoi). Ma conclusion c’est que les gens de droite semblent vivre dans un univers parallèle (la partie sur la soumission à l’autorité du chef était assez désolante par exemple, ou tout le discours méprisant sur la paresse l’assistanat les licenciements etc…)
Après, la critique du néolibéralisme fait sens (exit les PowerPoint bullshit et les réunions à n’en plus finir), mais les arguments font souvent moins sens. Genre, prendre Bezos et Musk comme modèles alors que Dieu sait comment ils traitent leurs employés, c’est pas gégé.
Avec le recul, la seule chose que je retiens de ce bouquin, c’est que j’ai appris que Louis de Funès avait une descendante qui est de droite ; que Louis de Funès était lui-même de droite ; mais qu’on se rassure, Bourvil, lui, était de gauche.
Note : ★★☆☆☆
Lu en Mai 2021.
13. 2024 – Les Jeux Olympiques n’ont pas eu lieu
par Marc Perelman
Thème : politique
Un livre très bien écrit et clair sur ce désastre que représentent les Jeux Olympiques de Paris 2024, ainsi que les JO de manière générale. A titre personnel, j’ai de très bons souvenirs des JO de quand j’étais enfant, j’étais émerveillée devant la télé alors que je n’en ai rien à faire du sport en temps normal. C’est dire à quel point on nous vend un « rêve olympique », et que ça fonctionne ! Mais derrière ce rêve, qu’il y a-t-il ? Des choses sombres, qui sont justement évoquées et analysées dans cet ouvrage. On y apprend notamment que les principaux syndicats français se sont engagés à ne pas manifester pendant la période des JO de Paris, comme si nos revendications de travailleurs et les mouvements sociaux étaient des saletés disgracieuses à cacher, face à la pureté olympique… On y lit également tout le racisme crasse du « réinventeur » des JO, Pierre de Coubertin. C’est ça qu’on aime avec M. Perelman, toujours prêt à mettre fin à la fête en rappelant ce que notre société cherche à dissimuler : à savoir l’héritage colonial et raciste de bons nombres des « héros » occidentaux, à l’instar de le Corbusier. Et on le remercie pour ce travail.
Les JO, c’est aussi des massacres urbanistiques et architecturaux en Ile-de-France (Paris et 93), à grands coups de gentrification, de construction de bâtiments éphémères dans leur usage mais pas dans leur durée matérielle (mais qu’est-ce qu’on va faire de tous ces stades olympiques dans les années à venir ?), des quartiers entiers rasés, des dépenses exorbitantes et inutiles, un véritable écocide avec l’artificialisation des sols et la destructions des écosystèmes…
J’ai vu des camps de migrants se faire déloger par la police pour y installer des pseudos événements liés aux JO à Paris; on pourrait qualifier ça d’instrumentalisation du sport pour commettre des crimes, ou de ‘sportwashing’. En parlant de ‘washing’, les JO sont aussi un bel exemple de greenwashing. Mais qu’il y a-t-il d’écologique dans cette entreprise monstrueuse visant toujours la croissance la performance, et le très court terme ? De tels travaux pour seulement 15 jours de compétition, une région transformée et défigurée pour ces quinze malheureux jours, honnêtement, il y a de quoi se révolter. Et quand bien même les JO auraient illuminés nos souvenirs d’enfance, rien n’empêche notre conscience d’adulte d’aller manifester en 2024 – que cela plaise ou non au comité international olympique.
Note : ★★★★★
Lu en Mai 2021.
14. Je vais mieux
par David Foenkinos
Thème : roman
J’aimais beaucoup l’idée du pétage de câble professionnel, du déchaînement de violence soudain lié à une injustice. Littérairement parlant, ça a un potentiel incroyable. Il y aurait pu y avoir une réflexion sociale également, qui serait partie de cet événement. Mais finalement il s’agit davantage d’un roman sur une crise de la quarantaine, et l’envie de changement dans la routine. Avec un ton plutôt humoristique. Il y a des réflexions intéressantes sur la vie, de belles métaphores.
Note : ★★★☆☆
Lu en Juin 2021.
15. Impôts – Idées fausses et vraies injustices
par Attac
Thème : politique
Le livre explique très bien les enjeux autour des impôts et démonte les idées fausses autour d’eux, dans un langage accessible même quand on y connait pas grand chose à l’économie. Se lit assez rapidement, on apprend donc beaucoup de choses rapidement, c’est bien ! Quasiment à chaque fin de chapitre, des solutions et alternatives sont proposées, ce qui n’en fait donc pas qu’un livre de dénonciation mais aussi un livre de propositions.
Quelque chose que j’ai trouvé particulièrement intéressante, d’un point de vue personnel : l’évocation du fait que les CITE et autres aides à la rénovation énergétique soient des niches fiscales et profitent aux ménages les plus aisés (en tant que professionnelle du bâtiment, je confirme).
Note : ★★★★☆
Lu en Juillet 2021.
16. France-Iran – Si loin, si proches
par Jean-Claude Voisin
Thème : Iran
Un petit livre qui traite des similitudes entre la France et l’Iran. Il y a quelques références intéressantes. On y apprend aussi que la France avait la responsabilité des fouilles archéologiques en Iran pendant la colonisation.
Note : ★★★☆☆
Lu en Juillet 2021.
17. Entrez rêveurs, sortez manageurs
par Maurice Midena
Thème : politique
Ce livre, écrit par un ancien étudiant en école de commerce, détaille le parcours en école de commerce de façon assez exhaustive (de la prépa à la carrière post-diplôme). On y apprend pas mal de choses, quand ce monde nous est étranger ; pas mal de choses irritantes notamment. Les écoles de commerce et leurs étudiants sont vraiment déconnecté du monde, et plus qu’à y apprendre le commerce, on y apprend à diriger et « manager ». Le problème de ces dirigeants, c’est qu’ils n’ont guère de compétences techniques, aucun savoir sur aucun domaine, et ils nous ordonnent quoi faire. L’école de commerce peut propulser dans n’importe quel domaine. Ce qu’apprennent les étudiants, c’est à servir le capitalisme. L’auteur démontre cela, et nous explique aussi pourquoi Macron est très populaire chez les commerciaux. L’idéologie « ni de droite ni de gauche » (qui veut en réalité dire : « très à droite ») trouve un grand écho chez ces jeunes cadres dynamiques qui n’ont pour objectif que la préservation et la défense du capitalisme, du marché…
En somme, une lecture intéressante, bien documentée, mais moins critique et radical que ce à quoi je m’attendais en voyant le résumé et le titre. L’auteur répète avoir apprécié ses études de commerce, et ose finalement assez peu mettre les mains dans le cambouis de la critique du capitalisme.
Note : ★★★☆☆
Lu en Août 2021.
18. Haï
par J.M.G. Le Clézio
Thème : anthropologie
Dans cet essai, Le Clézio critique le monde moderne à travers des analyses et comparaisons avec les natifs américains et leur rapport à la nature. Il y avait des réflexions pouvant être intéressantes sur le monde moderne.
Note : ★★★☆☆
Lu en Août 2021.
19. La Librairie de Téhéran
par Marjan Kamali
Thème : Iran
C’est en promenant dans une mignonne petite librairie dans une ville au nom encore plus mignon (Chatou), que je suis tombée sur La Librairie de Téhéran. La couverture a immédiatement attiré mon regard. Des couleurs magnifiques (bleu, or, rouge), des motifs qui me sont familiers. La Librairie de Téhéran est un livre qui parle entre autres de l’aura magique des librairies et de leurs livres, et ce livre lui-même, en tant qu’objet, diffuse une semblable magie dans les rayons des librairies. Je me suis dit, de nouveau, que les livres publiés en Amérique du Nord (l’autrice est irano-américaine, le livre a été publié aux États-Unis à l’origine) ont toujours un graphisme de couverture incroyable, que ce soit pour les romans jeunesse comme pour les essais universitaires les plus austères. On a encore du chemin à faire en France, à ce niveau-là, il n’y a pas de doute. Alors quel bonheur de voir un livre comme La Librairie de Téhéran exposer fièrement ses couleurs féeriques sur la table des nouveautés, nous invitant à le saisir et à le feuilleter.
Et quel plaisir et quelle fierté de voir un livre d’une autrice iranienne, qui parle d’Iran, s’exposer joliment dans une petite librairie de quartier. Je me suis dit que j’aurais aimé, enfant ou ado, pouvoir trouver en France des romans qui ont des protagonistes iraniens, dans une histoire qui n’est pas centrée sur ça. C’est une représentation qui fait plaisir. Cela fait toujours plaisir même une fois devenu adulte. Et c’est d’un livre plaisant mais triste dont nous allons parler.
« La Librairie de Téhéran » est un roman qui a pour particularité de se situer à deux époques différentes, et sur deux continents différents. Il y a un aller-retour constant entre 1953 et 2013, respectivement la date du coup d’état des États-Unis en Iran, et l’époque contemporaine. A en juger le résumé, avec ses références à l’opposition politique (laquelle ? me demandai-je) au régime monarchique, et à la date qui évoque directement le coup d’état contre Mossadegh, je m’attendais à un roman sur une trame narratrice politique. Au final, la politique est très loin d’être le sujet central du livre. On aurait pu s’attendre également à un roman d’amour, à la vue de la quatrième de couverture… Mais au final, La Librairie de Téhéran ne serait elle pas plutôt un livre sur la nostalgie ? Sur les occasions manquées ? L’exil ? La perception de l’adolescence que l’on a une fois adultes, ces fameuses « meilleures années de notre vie » qui, rapidement, font définitivement partie du passé ?
Je sors vraiment bouleversée de la lecture de ce livre. Une histoire de regrets, d’occasions manquées, de tragédies de la vie, d’espoir et d’amour…
Honnêtement j’ai eu du mal à accrocher au tout début, j’aimais pas trop le style de la traduction et l’histoire ne me semblait pas être très profonde mais finalement je l’ai lu en même pas une journée ; l’histoire est façonnée comme un puzzle temporel, où l’on se promène entre 1953 et 2013, et où les différentes intrigues se dénouent progressivement.
Quelques petites choses dommages au niveau de la traduction française : les mots en persan dans le texte sont à plusieurs reprises mal retranscrits. Il suffisait pourtant d’un copier coller!
Note : ★★★★★
Lu en Septembre 2021.
20. Darius le Grand ne va pas bien
par Adib Khorram
Thème : Iran
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Note : ★★★★★
Lu en Octobre 2021.
21. J’habite un monument historique
par Olivier Calon
Thème : architecture
Partir à la recherche de personnes qui vivent dans un bâtiment classé patrimoine historique, et recueillir leur témoignage d’habitants : tel est le concept de cet ouvrage. Et c’est avec plaisir qu’on y découvre les histoires surprenantes de 18 édifices différents et de leurs habitants ! Château, cirque, phare, moulin, cimetière, cité-jardin, abbaye… et même un bateau, l’auteur a sélectionné des bâtiments pour le moins variés dans leurs usages.
Chaque chapitre introduit donc un de ces édifices, le replace dans son contexte historique, interroge son résident… Ce fut réellement un plaisir de lire cet ouvrage.
Pour tous les passionnés d’Histoire, d’Architecture, de tranches de vies…
Note : ★★★★★
Lu en Octobre 2021.
22. Ubérisation, piège à cons ! – Plongée dans les coulisses du travail en miettes
par Gurvan Kristanadjaja
Thème : politique
Un très bon livre de reportage écrit par un journaliste de Libé spécialisé sur les jobs dits « ubérisés » (chauffeurs, livreurs, etc). Mêlant anecdotes personnelles, immersions dans le métier, interviews de travailleurs, syndicalistes et patrons, cet ouvrage nous offre un panorama complet et bien documenté de cette problématique du XXIe siècle.
Si vous avez souvent recours à des commandes a domicile, vous feriez bien de lire ce livre pour voir à quel prix vous financez votre flemme de sortir faire deux pas et vous procurer vous mêmes ce que vous commandez. Des conditions de travail indignes, de l’exploitation de personnes pauvres et/ou sans papiers…
La fin du livre ouvre le débat sur les solutions qu’on peut apporter à ce problème, d’un point de vue politique ou juridique.
Note : ★★★★★
Lu en Octobre 2021.
23. Le Prophète
par Khalil Gibran
Thème : roman
Un texte qui se veut comme une succession de conseils spirituels sur les différents domaines de la vie. Je n’ai pas particulièrement été subjuguée par les conseils prodigués, un certain nombre étant des lieux communs de la morale et de la religion, donc rien de nouveau à l’horizon, si ce n’est la jolie forme poétique et métaphorique dans laquelle ces pensées ont été mises en mots.
Non, c’est quelque chose de plus surprenant qui ressort de ce texte, à mes yeux. C’est cette relation qui se tisse entre le Prophète Al Mustafa et les habitants d’Orphalese au fil du texte. Pour moi, c’est un texte qui parle aussi d’Adieu et de séparation. J’ai trouvé la fin beaucoup plus belle que le corps du livre. Ce serait typiquement le genre de texte qu’on pourrait écrire avant de mourir. Peut-être que la fin est une métaphore de la mort du Prophète ?
Note : ★★★★☆
Lu en Novembre 2021.
24. Le RER – Nos lignes de vie
par Fabrice Lardreau
Thème : architecture
Un très beau livre sur le RER (réseau express régional), qui aborde ce moyen de transport tant sous un aspect historique (nous retraçant les origines de la « ligne de Sceaux » du 19ème siècle, jusqu’au RER de Giscard d’Estaing, se voulant « émancipateur »), un aspect sociologique (comment symboliquement être usagers du RER nous caractérise en tant que banlieusards, en opposition aux parisiens), poétique et littéraire (de nombreux romans sont cités tout au long), et enfin, dresse une multitude d’anecdotes et de réflexions sur le RER, vécues par l’auteur ou par ses connaissances.
L’auteur a très bien sur saisir ce sentiment mitigé qu’on a envers ce moyen de transport, en tant qu’usager : d’un côté une dépendance à un moyen de transport qui nous rend très vulnérables et nous fait le détester, et d’un autre côté, cette manière dont être usager d’une ligne de RER en particulier nous forge comme une « identité d’usager de RER », étant donné qu’on y passe plusieurs heures par jour et que ce n’est pas du tout négligeable.
Note : ★★★★☆
Lu en Novembre 2021.
25. Architectures du bien commun. Pour une éthique de la préservation
par Salima Naji
Thème : architecture
Un livre qui fait terriblement du bien à lire en tant qu’architectes soucieux et soucieuses du ‘bien commun’.
Cet ouvrage aborde tout d’abord l’architecture marocaine d’un point de vue historique, en expliquant comment la colonisation a classé l’architecture vernaculaire marocaine comme quelque chose « d’archaïque » et « passéiste », pour imposer une pseudo modernité occidentale inadaptée au contexte local et climatique, notamment avec l’usage de béton de ciment. Il explique ensuite comment même après la colonisation, ces idées sont restées et sont enracinées au point que la législation rendait compliqué voire interdit l’utilisation de matériaux locaux. Puis il nous emmène vers de nombreux chantiers réalisés par Mme Naji et ses équipes sur des rénovations de greniers collectifs et de qsour.
L’autrice nous explique le rôle et la construction des greniers collectifs, trésors architecturaux de l’Atlas, autour desquels s’organise la communauté d’habitants. Elle nous décrit tous les problèmes rencontrés au cours du processus de rénovation, qu’il soient d’ordre politique, juridique, technique, humain…
Manifeste pour l’écoconstruction, pour l’architecture climatique et une modernité respectueuse de l’héritage ancestral, ce livre est vraiment une perle. Salima Naji rejoint mon panthéon d’architectes préférés, et je suis honorée que nous ayons fait la même école ♥
Note : ★★★★★
Lu en Novembre 2021.