Dessin d'une personne prostrée, avec un escalier à gauche et une fenêtre donnant sur le vide à droite
Architecture, Ressources, conseils et astuces

EMPLOI – Survivre au chômage

Le chômage est un passage probable dans la carrière d’architecte, d’autant plus quand on a pas de réseau, quand aucune personne de notre famille fait partie du milieu architectural, quand on est en début ou en fin de carrière, quand on est issu d’une ou plusieurs minorités… C’est pourquoi j’aimerais aujourd’hui m’adresser aux autres personnes qui passent par cette étape, en me basant sur ma propre expérience du chômage.

Dessin d'une personne prostrée, avec un escalier à gauche et une fenêtre donnant sur le vide à droite
Dessin fait en 2020. ©joyeuxarchi.club

Le stigmate du chômeur

Ô toi chômeur, j’aimerais que tu saches une chose : ton « inactivité » sur le marché du travail n’enlève rien à ta valeur. Tu n’es pas au chômage parce que tu es nul ou parce que tu es « assisté », comme diraient les cadres de l’UMP, ou encore les représentants de LREM. Dans un monde idéal, le chômage n’existerait même pas. Chacun aurait sa place dans la société et y contribuerait à sa manière. On travaillerait simplement si on en a les moyens, pour aider les personnes qui ne le peuvent guère. Notre force de production permettrait de remplir une grande caisse collective, et cet argent serait redistribué entre tous. Ce qui serait produit par la robotisation du travail ne servirait pas à enrichir quelques puissants, mais à nous soulager collectivement. Nous aurions un revenu universel élevé et des semaines de 15h de travail maximum. Le reste du temps, nous nous consacrerions à notre famille, nos proches, nos amis, à contribuer aux causes qui sont chères à notre cœur. Il n’existe aucun être humain « inactif ». En emploi ou sans emploi, nous contribuons tous à la société. Il y a le travail visible, rémunérateur. Et puis il y a le travail invisible, dévalorisé. Celui du foyer, celui du care, qui consiste à prendre soin de nos proches ou moins proches, celui de nos passions, que nous réalisons bénévolement… Et puis il y a toutes ces petites choses que nous produisons et qui sont du domaine de l’immatériel. Bref, enlève toi de la tête le fait que tu sois « inutile ». Je dis ça, mais j’ai énormément de mal à me l’appliquer à moi-même, le chômage m’a fait me sentir vraiment nulle, au point d’en faire une dépression. Quand toute ta vie a été rythmée par l’école, puis les études, le travail, se retrouver soudainement sans « but », sans objectif de diplôme ou de travail, en plus de ne pas toucher de salaire, ça peut être terrible. C’est quelque chose que la majeure partie de la société des gens actifs ne comprennent pas. Ils nous voient comme des merdes, particulièrement quand on est chômeur de longue durée.

Combien de fois ai-je entendu, quand j’étais au chômage, « Tu n’as pas d’emploi mais ça va prendre fin rapidement n’est-ce pas ? Tu vas trouver un travail dans la semaine n’est-ce pas ? ». C’était très culpabilisant car je n’avais aucune idée de quand j’allais retrouver du travail ; ce n’est pas quelque chose qu’on trouve en traversant la rue, contrairement à ce que prétend l’adage présidentiel. On me disait aussi que le chômage était « inexistant » en archi. Etrange, car j’en connais et en ai connu plein, des architectes au chômage ! Alors, toi qui est au chômage et/ou architecte, ne culpabilise pas. Tu n’es pas seul et tu n’es pas le problème. Il y a des périodes où ça embauche, d’autres où c’est le désert. Il y a ces centaines de candidatures spontanées que tu envoies et qui restent sans réponse. Ces refus à la pelle, ces entretiens pour lesquels tu donnes tout, mais qui n’aboutissent à rien. On en souffre déjà bien assez de nous-même, il n’y a pas besoin de rajouter une couche de culpabilisation extérieure.

Et puis j’ai fini par comprendre pourquoi ça les embête tant, qu’on soit au chômage. Il y a deux manières de vivre cette période sans travail : en déprimant (ce qui est le but non avoué de la culpabilisation, qui prétend nous motiver avec « bienveillance » mais c’est tout le contraire qui se produit !), ou bien en profitant de ce temps libre pour, en dehors des temps de recherche d’emploi, faire tout ce qui nous donne envie. Le chômage est aussi une période pendant laquelle on peut se radicaliser politiquement, de manière positive. Tu as connu la marginalisation dans la société capitaliste, plus rien ne pourra t’arrêter !

Il y a deux lectures que j’ai faites pendant mon chômage et qui m’ont apporté cette radicalisation politique : Bullshit Jobs de David Graeber, et Manifeste contre le travail du groupe Krisis. Ces ouvrages m’ont rendue convaincue par l’anarchisme, et je t’invite à les lire, ils te feront sans doute du bien pour te déculpabiliser et te rendre compte de l’absurdité de la société capitaliste dans laquelle on vit.

Le chômeur, ses droits et sa situation financière

Le principal problème du chômage, outre le stigmate évoqué ci-dessus, c’est la situation financière de merde dans laquelle cela nous plonge. Avec les dernières réformes de nos politiciens détestés, ça n’a pas tendance à s’améliorer. Pôle Emploi cherche à nous radier à tout prix, on nous envoie faire des formations inutiles et on nous bloque nos dossiers d’allocations. Face à ces problèmes, je ne peux que te recommander d’aller voir ou solliciter la CGT chômeurs (eh oui, les chômeurs aussi ont leur syndicat !), qui donne beaucoup de conseils super cools pour survivre au chômage : Site internet de la CGT Chômeurs.

Ils ont notamment un Guide des droits où on trouve plein de ressources utiles. C’est grâce à un de leurs articles que j’ai su comment refuser une énième formation bidon sans me faire radier.

En guise de conclusion

Pour finir, j’aimerais de nouveau mettre l’accent sur le fait qu’il ne faut pas culpabiliser d’être au chômage, et je m’adresse ici en particulier aux architectes (vu que c’est un site internet d’architecture…) : y en a plein des archis au chômage, évidemment que tu n’es pas seul !! Ne crois pas ces tocards qui prétendent le contraire pour te rabaisser. Et tu finiras par en trouver, du travail, ça non plus n’en doute pas. Si tu as peur du trou sur le CV, tu peux toujours faire des plans pour t’amuser, et enrichir ton portfolio : dessine les plans des logements de tes amis, fait des projets fictifs, amuse toi à refaire les plans des bâtiments de films, livres ou de jeux vidéos que tu aimes bien… Si tu aimes lire, lis des livres d’architecture (y en a plein de super intéressants, j’en poste régulièrement sur Goodreads). Aies confiance en toi car ta valeur ne se mesure pas au travail, tu vaux bien plus que ça. Et si tu as besoin de parler, te confier, l’espace commentaire de cet article peut être fait pour cela.

Prenez soin de vous ♥

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