Hamtaro Saccage J.O. : dessin de trois hamsters de hamtaro qui s'opposent aux J.O.
Théorie architecturale

A qui s’adressent les Jeux Olympiques ?

Hamtaro Saccage J.O. : dessin de trois hamsters de hamtaro qui s'opposent aux J.O.

J’ai eu la chance d’assister à une conférence du Revers de la Médaille au cours d’un « contre-événement olympique » le dimanche 4 Août 2024, soit en plein milieu des J.O. 2024. Comme nous l’avions déjà vu dans un article précédent (2024 : les J.O. n’auront pas lieu), les J.O. posent énormément de problèmes d’un point de vue social, écologique, démocratique… Cet article était une liste d’autres articles qui témoignent de ces problèmes (j’ai fini par arrêter de le mettre à jour parce que ça devenait un travail à temps plein tellement y avait des données !!).
Voici donc une retranscription des notes que j’ai prises pendant la conférence :

Des Jeux, mais pour qui ?

Intervenants : Jade Lingaard (Médiapart), Paul Alauzy (Le Revers de la Médaille), Jules Boykoff (ancien footballeur professionnel et chercheur en sciences humaines).

Jade Lingaard – Le village olympique a occasionné des expulsions, à commencer par 300 travailleurs étrangers expulsés contre leur gré, en dépit de l’organisation d’un mouvement de protestation de leur part. Puis il y a eu 400 personnes expulsées du squat Unibéton. A L’Île-Saint-Denis, la cité Marcel Paul a subi une rénovation brutale et accélérée à cause des J.O.

Paul Alauzy – Depuis les années 1980 jusqu’aux années 2000, 2,5 millions de personnes dans le monde ont été expulsées à cause des J.O. Les expulsions ont été justifiées par :

  • le passage de la flamme olympique
  • les fanzones
  • les voies olympiques
  • les tables de pique-niques et autres installations urbaines liées aux J.O.

A Unibéton, ils ont expulsés les habitants loin de Paris : pour avoir le droit de rester en Île-de-France, il fallait remplir les conditions suivantes : avoir un travail en CDI ou en CDD de plus de 9 mois, qui soit localisé obligatoirement dans Paris intramuros. Autant dire qu’avec de telles conditions contraignantes, cela concernait au final très peu de gens, que les personnes qui avaient un travail en banlieue parisienne ont donc perdu leur emploi en étant expulsées… Une expulsion hors Île-de-France signifie :

  • perte du travail
  • perte du suivi médical
  • perte d’une communauté
  • perte éventuelle de la scolarisation de ses enfants

La loi immigration et la loi anti-squat ont été passées en amont des J.O. mais vont perdurer bien après. Le fameux « héritage » des J.O., le voilà…

Jules Boykoff – Jules Boykoff a vécu sur 5 villes hôtes olympiques pour y effectuer ses recherches, dont Londres en 2012 et Rio de Janeiro en 2016. Voici les observations qu’il a tiré de toutes ces expériences :

Les problèmes des J.O. ne sont pas des problèmes spécifiques à Paris, mais propres aux J.O. de manière générale. On observe ces mêmes phénomènes dans toutes les villes hôtes, à différents degrés d’intensité. Parmi les constantes des J.O., il y a :

  • militarisation de l’espace public. La vidéosurveillance algorithmique qui a été mise en place à Paris pour les J.O. va perdurer bien au delà de la période des Jeux.
  • nettoyage social. Les J.O. sont une machine à inégalités. Dans toutes les villes hôtes, des milliers de personnes perdent leurs logements, et derrière chacun de ces drames il y a des individus.
  • greenwashing
  • corruption

La police est plus intense à Paris pendant les J.O. de 2024 qu’à Rio de Janeiro en 2016, de ce que Boykoff a observé.

La dynamique militante qui s’est organisée à Paris est exemplaire par rapport à d’autres pays ; il faut garder cet élan et apporter nos savoirs et notre aide aux futures villes hôtes des J.O.

Jade Lingaard – Les nouveaux quartiers des J.O. dans le 93 sont des accélérateurs à gentrification, car le village olympique et le village des médias sont payés par le privé en grande partie et deviendront des quartiers de 6000 personnes détenus à 78% par les promoteurs. La plupart des logements seront donc vendus, plutôt que de devenir des HLM. Le logement social sera minoritaire et on sera très loin d’être en 100% HLM PLAI, comme c’est le cas dans d’autres quartiers du coin.

La gentrification de la Seine-Saint-Denis existait avant les J.O. mais l’importation d’un problème olympique vient accélérer le processus de gentrification en cours.

Jules Boykoff – Les seuls points positifs que les J.O. amènent sont de petites miettes, en particulier par rapport à tout le mal qui est fait. Il s’agit par exemple de l’amélioration des transports, mais cette amélioration a généralement lieu dans des quartiers qui sont déjà riches (comme ce fut le cas à Rio de Janeiro par exemple). Les organisateurs des J.O. s’accrochent à ces miettes et les revendiquent comme témoignant des bienfaits des J.O.

En fait, la seule chose vraiment positive qui en découle, c’est que dans les rangs de la gauche, on se retrouve à déployer des actions politiques et à s’organiser face à toutes ces destructions olympiques.

Paul Alauzy – Les SDF vivent un enfer à Paris actuellement. Les vendeurs à la sauvette ne peuvent plus travailler depuis 10 jours. Le harcèlement policier pète tous les scores. Plein de gens n’osent plus se déplacer et ne peuvent plus aller manger (à la soupe populaire, par exemple).

Le Revers de la Médaille sortira courant Octobre 2024 un rapport sur la vie dans la rue pendant les J.O.

Jade Lingaard – Pour les J.O. 2030, 5 villages olympiques sont déjà prévus, et une patinoire est déjà en construction à Nice en vue de cet événement !

Il n’y a aucune consultation démocratique. Pourtant, à Paris, on a bien pu consulter les habitants sur les SUV ou les trottinettes en libre service ! Mais pour quelque chose de l’empleur des J.O., personne n’a été consulté, alors qu’il s’agit de l’argent de nos impôts. Tous les pays qui ont fait des référendums sur les J.O. ont dit NON. Si la France a remporté la candidature, c’est parce que c’était le seul pays qui n’avait cure de l’avis de ses habitants.

Macron prétend que nous sommes consentants en se basant sur… les sondages. Ce n’est pas ça, la démocratie.

Les J.O. sont une machine à illusion, qui essaye de nous prouver qu’on peut continuer à tout faire comme avant, en étant dans le déni du réchauffement climatique. Les J.O. de 2030 en sont très emblématiques : à travers eux, on essaye de nous montrer qu’on pourra toujours skier dans les Alpes.

Les médias ont payé très chers pour pouvoir diffuser les J.O. (notamment à a télévision), ce qui explique qu’ils soient si peu critiques vis-à-vis des J.O. : ils font partie des sponsors !

Jules Boykoff – Les J.O. ont lieu en été pour des raisons d’intérêts financiers : en Septembre / Octobre, il y a les tournois de foot américains, alors, pour que les médias puissent se faire davantage d’argent, il n’y a pas intérêt à mettre les deux événements en même temps.

Les J.O. ont toujours empiré l’état démocratique des pays où ils s’installent. Les dictatures s’empirent (comme ça a été le cas en Chine) et les républiques deviennent plus autoritaires (comme en France).

Les J.O. ne peuvent pas avoir lieu sans notre argent à nous, habitant.e.s des pays hôtes. A Denvers, ils avaient réussi à faire annuler les Jeux en faisant blocus.

Paul Alauzy – Pour lutter contre les J.O., il est judicieux de s’attaquer à leurs slogans de socialwashing, en pointant leur hypocrisie.

Jade Lingaard – Il y a de gros problèmes d’opacité des données concernant les J.O. Par exemple, il est impossible de connaître le prix et les quantités des objets de signalétiques et des objets urbains produits et installés pour les J.O. !

Paul Alauzy – La seule chose qui fait peur au macronisme, c’est la com’, la mauvaise pub. C’est pourquoi Le Revers de la Médaille a fait beaucoup d’actions de com’, et a développé tout un univers visuel, car sinon, personne n’en aurait parlé dans les médias, et aucun élu ne nous aurait reçus.

A la fin de la conférence, l’habituel moment questions-réponses-débat a eu lieu. J’ai posé la question suivante :

L’Académie des Joyeux Architectes – Comment mobiliser le savoir militant acquis au cours de cette mobilisation contre les J.O. de Paris 2024, pour le transmettre aux futurs activistes anti-J.O. ? (que ça soit pour les J.O. 2030 ou à l’internationale)

Réponse des conférenciers : Nous avons prévu de transmettre un rapport sur le nettoyage social des J.O. au CIO, et le rendre public. « No Olympics movement Vancouver » avait transmis au Revers de la Médaille un manuel de principes et d’actions pour lutter contre les J.O. Il y a ainsi des passations qui se font d’un pays à un autre, d’une édition des J.O. à une autres. Il faut aussi mobiliser les sportifs pour qu’ils disent « pas en mon nom ». C’est ce qu’a fait le sportif Valentin Houinato notamment.

Voici la fin de cette retranscription de conférence. Pour finir, citons le nombre total final de personnes expulsées à cause des J.O. de 2024 :

20 000 personnes !!!

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